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Dédougou: De quoi est mort Salif Bocoum

Dédougou : De quoi est mort Salif Bokoum ? SAM_9960 - Copie.JPG

 

 

Domiciles incendiés, ouvertures défoncées, rues jonchées de projectiles, courses-poursuites entre forces de l’ordre ...et manifestants, des pneus brûlés çà et là aux abords des voies, c’est le triste constat fait à Dédougou suite au décès d’un présumé délinquant dans la matinée du 03 mai 2016 au CHR de cette ville.

Interpelé le 27 avril 2016 par la Brigade de recherches de Dédougou en compagnie de deux autres délinquants suite au cambriolage du domicile du Commandant du Groupement départemental de gendarmerie de Dédougou, Salif Bokoum décède dans la matinée du mardi 3 mai 2016 dans les locaux du CHR de Dédougou. Informés, les jeunes refusent d’enterrer leur frère et demandent à comprendre les causes de son décès malgré les injonctions du grand imam de Dédougou. Déchaînés, ils se rendent à la Brigade territoriale de Dédougou. Si à la BT, les choses se sont passées sans heurts, au Groupement de gendarmerie, les pandores ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Selon Jean-Marie Kombasséré, chef d’escadron, commandant du Groupement de la gendarmerie départementale de Dédougou 02.JPG
: « Les faits sont partie d’un cambriolage qui a eu lieu dans mon domicile à l’intérieur du Camp entre le 18 et le 19 avril passé. Au cours de l’enquête nous avons pu mettre la main sur celui qui avait le matériel, et ce dernier aussi faisait partie parce que selon les déclarations il aurait vu l’auteur du vol passer par un mur. Il aurait intercepté le présumé délinquant, et c’est du sac qu’il tenait, qui renfermait les objets volés, qu’il a retiré l’ordinateur portable. Il est ensuite rentré chez lui avec l’ordinateur et c’est plus tard en ouvrant l’ordinateur qu’il a vu des photos et d’autres documents. C’est alors qu’il est revenu pour remettre l’ordinateur au petit qui détenait le matériel au lieu de venir le dénoncer. On se dit qu’il est certainement dans la chaîne puisque l’auteur a déclaré qu’ils ont opéré à plusieurs, et c’est pour élucider la situation qu’on l’a interpelé pour le garder à vue bien sûr avec l’autorisation du procureur du Faso. Dans la nuit donc d’hier vers 20h on m’a appelé comme quoi il convulsait et qu’on l’a évacué à l’hôpital. Je me suis rendu sur place et au même moment on en a informé sa famille qui s’est rendu sur les lieux. Ils ont suivi l’évolution de la situation jusqu’au décès de l’intéressé. J’assure qu’il n’a jamais été torturé au cours de sa détention, c’est par suite de maladie qu’il a rendu l’âme. Au jour d’aujourd’hui avec la situation de grève des GSP, on ne peut plus respecter les délais de garde à vue mais toujours est-il qu’il a été interpelé le 27 avril après 14h. Le matériel volé était composé d’un ordinateur portable, d’un disque dur externe, de clés USB, d’effets d’habillement civils, d’aliments du frigo, d’huile, de savon. Avec l’intervention des personnes-ressources, notamment la cellule de crise avec sa majesté le chef du canton, on peut croire que la situation est sous contrôle, on voulait juste lancer un appel à la population à se calmer parce que la gendarmerie n’a pas frappé l’élément ».

« Le malade est rentré dans un état vraiment piteux » 03.JPG
 Du côté de la famille, c’est un autre son cloche qu’elle entonne. Djibril Sidibé est l’un de ceux-là qui étaient au chevet du défunt : «Lorsque la gendarmerie l’a envoyé au CHR de Dédougou, il n’arrivait plus à respirer parce que son cou était gonflé. La gendarmerie dit que c’est la chaleur qui l’a rendu malade. Mais je dis que la chaleur ne peut pas déformer un être humain. Quand il est arrivé au CHR, son cou était enflé, il s’est soulagé, et il y avait du sang dans ses selles. Au vu du corps je confirme qu’il a été torturé ». Saisi pour donner sa version des faits, le Docteur Abdoul Salam Eric Tiendrébéogo, chef du service des urgences médicales du Centre hospitalier régional de Dédougou, n’infirme ni ne confirme la version selon laquelle la victime aurait été passée à tabac: « Ce qu’il y a à savoir, c’est que le malade est rentré aux environ de 21h 30 et est décédé aux alentours de 3 heure du matin. Le malade est rentré dans un état vraiment piteux d’après ce qu’on m’a dit. Il était dans le coma et avait un syndrome infectieux. Il y a un accompagnateur qui s’est exclamé en demandant si on ne l’avait pas tapé. L’infirmier dit n’avoir pas constaté de lésions traumatiques sur le corps. Il n’a pas constaté d’ecchymose ni d’œdèmes traumatiques. Je m’en tiens à ce que l’infirmier a noté, à savoir le syndrome infectieux. Seulement est-ce que ce syndrome infectieux, la fièvre avec au bilan aussi des éléments qui tiennent à confirmer le syndrome infectieux, est-ce que ce syndrome infectieux est dû à un traumatisme ou à une infection qu’il traînait avant d’arriver à la gendarmerie ? Peut-être qu’il faut demander une autopsie pour le savoir. Toujours est-il qu’il est mort dans un tableau de syndrome d’infection sévère. Ce genre de tableau ne s’installe pas d’une minute à l’autre. C’est quand même un processus qui prend du temps. Mais est-ce qu’il y a eu des circonstances qui ont aggravé cette situation ? Franchement je ne le sais pas ». Pour terminer, les jeunes, fatigués de n’avoir pas eu gain de cause, ont fini par faire le tour de la ville en transportant le corps de la victime, passant par la brigade territoriale, le CHR de Dédougou. Au moment où nous bouclions ces lignes, les manifestants s’en prenaient aux domiciles des pandores en les incendiant.05.JPG



05/05/2016
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